Calme. Santa Barbara était une ville calme. Quand on avait toujours vécu à New York, débarquer dans une ville comme celle-ci était un dépaysement total. L'image que les étrangers se faisaient des Etats-Unis était tout a fait celle renvoyée par Santa Barbara. De belles maisons aux jardins bien taillés, de larges rues, quelques arbres le long des trottoirs. Enfin, c'était le quartier riche. Il paraît que dans les autres coins ce n'était pas tout à fait pareil. Peu importe, Ashray ne comptait pas faire de visites touristiques.

Sa voiture il la gara devant le garage de ce qui était désormais SA maison, une belle villa avec de nombreuses pièces, un grand jardin et une piscine creusée. Les maisons voisines étaient aussi grandes et, à peine arrivé, Ash songeait déjà à faire agrandir histoire de montrer qui était le patron. Une fois dans son grand chez-lui, il souris. Tout avait été meublé comme il le souhaitait. Même la décoration lui plaisait. Bien.

Histoire de retrouver ses vieilles habitudes, il se servit un bon Whisky et alla s'installer sur sa terrasse profiter amplement du soleil chaud. Voilà, les vacances pouvaient commencer.


Ca, c'était vite dit. Le lendemain matin, un de ses téléphones portables sonna. Ce n'était pas une alarme, mais bien un appel sur son numéro professionnel. Maudit soit le décalage horaire. Il répondit quand même avant de se lever. Programme de la journée ? Rien. Il pris une douche, enfila un tee-shirt, un short, une paire de tong et hop retour sur le transat avec un whisky. Le soir, il y étais toujours. La seule différence c'était que son verre était vide comme les bouteilles derrière lui et qu'il tirait doucement sur une cigarette contenant un peu d'héroïne. Les pupilles en tête d'épingle cachée derrière des lunettes de soleil de marque, un léger sourire béat, il était mieux que jamais.

Lorsque la sonnerie de la porte d'entrée résonna jusqu'à ses oreilles, il ne s'énerva même pas. La précieuse poudre blanche disséminée dans le tabac faisait des miracles. Il se leva et alla ouvrir. Ce fut dans le couloir qu'il se rendit compte qu'il avait peut-être bu un peu trop. En effet, son trajet pour y arriver était tout sauf droit. Il ouvrit la porte et eut la surprise de voir une jolie fille brune avec de beaux yeux et une robe blanche se présenter à lui. C'était quoi ce bin's ? Histoire de ne pas se casser la gueule trop vite, il s'appuya contre le mur et tira une fois sur sa cigarette magique, son regard bleuté épiant la jeune demoiselle. Histoire de bien commencer ses vacances dans la ville, Ash lâcha :

« T'es mignonne mais j'ai pas commandé de strip-teaseuse. »

L’idée qu’une voisine vienne simplement lui souhaiter la bienvenue ne lui effleura même pas l’esprit. Après tout, il était un peu tard pour les visites de bon voisinage. Sa remarque semblait surprendre, au mieux choquer sa jeune visiteuse. Bah quoi ? Ashray ne comprenait pas pourquoi les filles faisaient tout pour plaire aux hommes mais refusaient le titre de femme objet. Ça n’a pas de sens. Comme seule réponse, elle posa sa main sur son torse et le poussa à l’intérieur. Docile, il se laissa faire avec un petit sourire. Avec une étincelle dans les yeux, il détailla la jeune fille. Voilà de quoi lui ouvrir l’appétit. Il tira encore une fois sur sa cigarette alors qu’elle refermait la porte d’un simple mouvement de pied.

" Oups j'ai dû me tromper d’adresse, assis toi sur le canapé tu vas avoir une danse spéciale "

Il n’allait pas s’en plaindre ou refuser. Cette première soirée à Santa Barbara prenait une tournure vraiment très agréable. Sans demander une quelconque permission, elle se dirigea directement dans le séjour. Ashray la suivit avec un sourire aux lèvres. La pièce était belle et bien décorée bien que fort impersonnelle. Rares étaient les affaires à lui qui traînaient. Alors qu’il voulut la prendre par la taille, elle le poussa sur le long canapé noir et blanc où il s’écroula comme une masse. Pas grave, être assis c’était moins risqué qu’être debout vu son état. La jeune femme choisit un CD qu’elle inséra dans la chaîne hifi juste en face du dit-canapé. Pendant ce temps, lui ne se priva pas pour mater son derrière au-dessus de ses lunettes de soleil. Pourquoi les gardait-il à l’intérieur ? Aucune idée. Mais bon, tant pis.

« Bien Installe beau gosse »

Alors là, peu de chances qu’il réponde par la négative. Pourtant, il n’ouvrit pas la bouche, hypnotisé par les mouvements sensuels et plein de charme de la jeune fille. Ses yeux bleus dévoraient chaque ondulation, chaque détail, chaque parcelle de la créature de charme qui dansait si proche de lui. Quel spectacle enivrant pour le jeune homme déjà partiellement ivre.

Alors qu’il arborait un sourire béat, une partie de son cerveau s’activa. C’était la partie qui contrôlait la réflexion, celle qui lui avait permis d’arriver si jeune à une telle fortune. Un déclic eut lieu dans son esprit. Il la connaissait, il l’avait déjà vue. Les courbes de son corps, son parfum, le galbe de ses jambes, sa poitrine parfaite, les formes que la musique faisait prendre à sa silhouette. Mais oui, il la connaissait, c’était certain maintenant. Il n’avait pas réellement oublié cette fameuse soirée à … New York. Oui, c’était bien dans cette ville.

Pourquoi se souvenait-il d’elle ? Ashray était un homme à femmes, il prenait comme il jetait. Pourquoi donc cette jeune femme avait-elle réussit à se créer une place dans sa mémoire ? Tout ceci était surprenant. Au moins, la réflexion que la partie sobre de son cerveau le poussait à avoir avait un léger effet dégrisant. Il leva les mains en secouant doucement la tête.

« Arrête, deux secondes, arrête. »

C’était stupide de lui dire d’arrêter. Premièrement, c’était un beau spectacle qu’elle lui offrait. Deuxièmement, elle n’avait plus d’influence sur la musique ou la lumière. Dernièrement, une voix en lui lui criait de se taire et de la laisser continuer. La voix de la raison. Sans doute.

Ashray leva la tête vers elle. Baissa légèrement ses lunettes pour la regarder dans les yeux et hasarda :

« Pimprenelle ? »

D’où lui sortait ce nom ? Il ne le savait pas. En fait, peut-être qu’il se faisait des films dans sa solitude. Si ça se trouve, il n’avait jamais vu cette fille de sa vie et elle allait lui rire au nez avant de lui demander de payer pour les quelques minutes de danse.