radioactive
summer street, disco'night
« BOUGE. ILS ME SAOULENT. » Le vent s’engouffrait par la vitre arrière de la voiture, lancée à pleine vitesse dans les rues de Santa Barbara, caressant par la même occasion le visage d’Alexander. Assis sur le siège, les pupilles dilatées, l’homme fixait l’écran de son téléphone, un sourire dessiné sur ses lèvres. Cara Nightingale et son éternel sens de la patience. Changeant de position, Alex s’approcha davantage du chauffeur avant de l’interpeller calmement.
« Changement de programme. Vous vous arrêterez devant le Disco’night. » Ce soir, il n’allait pas rester seul dans une maison vide. Ce soir, il n’allait pas se plonger dans des questions existentielles laissées en suspens. Ce soir, il voulait juste passer une bonne soirée, en bonne compagnie.
Le véhicule venait de s’arrêter devant un petit bâtiment, à la façade colorée par le bleu des néons, et Alexander, sortant de la voiture, écuma instinctivement l'endroit du regard. Sous ses yeux se projetait l’image de toute cette cohue agglutinée à l’entrée de la boite de nuit. Toujours les mêmes soirées. Toujours la même rengaine. Les filles abordaient des robes dix fois trop moulantes tandis que les hommes semblaient tous porter des vêtements tout doit sorti des unes des magazines de mode. Pourtant son attention fut bien vite captée par une toute autre chose. Sa démarche l'avait alerté, à la fois peu commune et pourtant si familière. Cara. Que ce soit par sa démarche de mannequin, sa silhouette élancée ou sa tenue un tantinet provocante, la jeune femme attirait tous les regards. Elle avait une grâce bien à elle, cachée sous un amas de provocation, et, parfois, il semblait à Alexander que Cara était aussi pommée que lui. Si ce n’est plus. Lui, était pommé dans une situation qu’il ne contrôlait plus. Enterrer, dissimuler, camoufler des sentiments qui, au moindre filé de vent, s'abattent telle des tempêtes contre vous. Il y avait quelque chose de mesquin. Peut-être avait-il eu tort de se cacher derrière cette rumeur. Ou, peut-être, que cette rumeur était justement la meilleure chose qu’il ait pu arriver dans sa vie. Etre partagé entre deux impressions pouvait être étrangement cruel. Un éternel combat entre la conscience et l’inconscient.
« J’espère que t’as une bonne raison pour m’avoir fait patienter pendant des heures ici, dans ce monde hostile. » Si sentir Cara blottie contre lui ne l’avait fait pas totalement fait revenir sur terre, ce fut tout autre chose pour la phrase qui suivit le geste de la jeune femme. Un sourire amusé sur le visage, il porta sa main dans ses cheveux. Horrible manie.
« Tu rigoles ? La circulation est horrible à cette heure-ci. » Alors que Cara défaisait son étreinte, Alexander, lui, porta son attention sur les flashs qui l’aveuglaient. A l’extérieur, ils étaient vulnérables. Traqués, épiés. Sûrement allaient-ils finir en couverture des magazines people, demain matin.
« A ton service. Je suis juste en train de me dire que mon chauffeur a dû multiplier les entorses au code de la route en seulement un quart d’heure de trajet. » souffla-t-il à l’attention de Cara, un geste en direction du taxi qui venait de passer à ses côtés. Un haussement d’épaule et son regard se pose sur la silhouette de la jeune femme. Ses talents d’actrice n’étaient plus à prouver. Si Alexander pouvait montrer quelques failles, Cara, elle, ne semblait jamais laisser filer une situation hors de contrôle. Du moins, c’était là, le sentiment que ressentait Alex.
« Tu as encore beaucoup à apprendre de moi … Mais, je te suis … gamine. » Après tout, ne dit-on pas que ce n’est pas à un vieux singe qu’on apprend à faire des grimaces ? Un sourire enjoué, Alexander n’avait jamais refusé un défi et il n’allait certainement pas commencer avec Cara.
« La première tournée est pour moi ! » Ses doigts liés aux siens, Alexander suivit son amie dans la foule qui l’oppressait à chaque pas qu’il faisait en plus, en direction de la discothèque. A l’intérieur, ils n’étaient plus vulnérables. Les lumières de spots balayaient la salle au rythme de la musique. Là, les corps se trémoussaient, dans la chaleur ambiante et sous un air frénétique.
Un verre où on commence déjà par une bouteille ? « Vodka pour moi, et … ? » Son regard se posa sur Cara, d'un signe interrogateur. Pour une fois, Alexander avait envie de commencer doucement. Pour une fois, il n’allait pas saisir la bouteille entière. L’alcool ne coulait pas encore dans ses veines. Il n’avait pas fait halte chez un membre de son entourage pour la première partie de soirée. De toute manière, cette partie avait toujours été la moins intéressante.