Le café dans lequel je bosse se trouve dans steams wharf mais il n'est que très rarement bondé étant donné qu'il est un peu reculé que les autres bâtiments. En général, les gens viennent quand il y a un concert tout prêt ou encore, pour les hommes, quand il y a un match à la télé et que leur femme leur empêche de regarde. Ils viennent donc ici car, oui, il y a des télévisions accrochées au mur. Il doit être environ dix-sept heures, je finis mon service dans une heure. Un tablier noué autour de la taille, je suis penchée sur une table vide et nettoie une table vide. Je tiens encore un plateau dans ma main libre sur lequel est posé une tasse et un verre, tous deux vides. Je me redresse et apporte la vaisselle en cuisine avant de retourner dans la salle. Je pose mon essuie sur le comptoir et m'adosse contre ce dernier avant de jeter un coup d'oeil autour de moi. Ce soir, il y a du monde, on entend d'ailleurs les instruments raisonner de l'autre coté de la rue. Il y a visiblement un concert ce soir, j'irai peut-être y jeter un oeil plus tard. Alors que je m'apprête à retourner bosser, un visage familier franchi la porte du bar. Je me redresse et hausse un sourcil en reconnaissant Maya, la soeur de Tara. Je sais qu'au début, elle ne m'appréciait pas plus que ça mais aujourd'hui je ne sais pas trop ce qu'il en est. Elle et moi sommes très différentes je pense mais en tout cas, cette fille est vraiment canon. Ca doit être de famille chez les Ramirez. Je m'approche d'elle, sourire aux lèvres. « Hey, » dis-je en cherchant du regard une table vide. « Il y a pas mal de monde ce soir mais je suis sûre qu'il y a moyen de te trouver une place. Tu es seule ? » Je reporte à nouveau mon attention sur elle, plante mon regard dans ses grands yeux ébènes et attend sa réponse.

Marzia et Maya

Elle ne savait pas trop pourquoi elle s’était plantée devant ce bar. Bon, peut-être un peu, mais elle aurait tout aussi bien pu finir la soirée avec une jolie femme dans un beau restaurant non ? Non. Tout cela la déprimait, changer chaque semaine, ne pas être accompagnée aux soirées organisées. Bien sûr, c’était sa faute, elle avait honte, elle ne s’aimait pas assez pour aimer quelqu’un. Et depuis qu’elle avait vu Alexia tout se remuait dans son crâne, elle ne savait pas quoi faire, comme agir avec elle, comment faire en sorte qu’elles se voient à nouveau sans drame. Et puis Winter occupait toujours un coin de ses pensées. Elle se demandait si elle pensait également à elle, et ça l’empêchait de dormir. Et même si elle passait la moitié de son temps à penser aux deux jeunes femmes, elle devait se rendre à l’évidence, elle n’avait pas de personne stable dans sa vie, pourtant il lui en fallait une.

Bon d’un autre coté elle n’avait pas vraiment le temps de s’occuper d’une petite copine. Elle devait déjà travailler, étudier, réviser, bosser encore et encore, s’occuper de sa petite sœur, la trimballée ici et la parfois. Elle avait à appeler ses parents chaque semaines, contacter sa tante chaque mois, diner avec sa sœur tous les trois jours et trouvère temps de s’amuser. Mais le pire, c’était durement de devoir faire ces séances de rééducations si elle voulait pourvoir refaire du sport un jour. Depuis sa petite visite à l’hôpital, elle vit l’impression que sa jambe n’allait pas mieux. La blessure lui faisait horriblement mal, son bandage la serrait, elle devait le changé tous les quatre matins et elle travaillait debout toute la journée parfois. Bien sur ce n’était pas comme si elle s’était empattée la jambe, mais tout de même, elle mettrait des milliers d’euros dans des antis inflammatoires.

Quoi qu’il en soit, elle était donc devant le bar de celles qu’elle ne savait jamais si elle devait l’appelée belle-sœur ou plan cul de sa petite sœur chérie. Rien que penser à sa sœur dans cette situation lui donnait envie de vomir. Elle s’avança à l’intérieur, souriante. Si Au début elle se méfiait d’elle, elle était bien décidée à en faire un membre de la famille à plein temps, après tout elle était gentille et intelligente en plus d’être... magnifique. Elle la détailla avant de s’apercevoir que celle-ci avait pris la parole.

« Hey »  Maya lui retourna le bonjour. « Il y a pas mal de monde ce soir mais je suis sûre qu'il y a moyen de te trouver une place. Tu es seule ? »

Maya eut un rire, apparemment sa petite sœur ne lui avait pas beaucoup parlé d’elle. En même temps elles ne devaient pas parler beaucoup. Et merde. Voilà. Elle avait encore envie de vomir. Bon, après son bref rire elle s’avança vers elle, de sa démarche saccadée.

« Comme toujours Jonagold. » Maya avait pris l’habitude de l’appeler par son nom de famille. Ce qui au départ signifiait qu’elle ne l’aimait pas voulait aujourd’hui dire qu’elle l’appréciait. « Mets moi ou tu veux, au bar, dans un coin, je vins juste boire un verre. »

Elle lui fit un grand sourire. Attendant que Marzia ne la place. Quoi qu’on puisse en dire, cette fille était vraiment très jolie. Elle ne se lasserait pas de la regarder. Mais pas touche, sa sœur était déjà avec, et jamais Maya, aussi forte soit elle, n’affronterait sa sœur.

Ca me fait un peu bizarre d'être là, face à Maya, la soeur de Tara. Elle et moi n'avons pas vraiment une relation officielle, d'ailleurs nous ne sommes même pas en couple, cela peut paraître étrange que je m'entende plutôt bien avec sa soeur. Tara, bon sang c'est fou à quel point j'ai du mal à me sortir cette fille de la tête. Depuis quelques jours, j'ai l'impression qu'elle a décidé de camper dans mon esprit. J'ai envie de l'appeler, de la voir, en général c'est pas comme ça quand je flirte avec quelqu'un. En général, on ne se revoit plus jamais. Mais là, c'est difficile à expliquer, ça m'embrouille la tête. Elle a semé le chaos dans mon esprit. Des fois, je me demande ce que ça ferait si elle et moi étions ensemble, puis je me rappelle que ça ne risque pas d'arriver. On est différentes, et elle a sûrement un tas de prétendants ou prétendantes à ses pieds. Il m'arrive de me surprendre à être jalouse d'eux. Je n'ai pas envie qu'ils prennent possession de ses lèvres, j'ai envie que chaque partie de son corps m'appartienne. Sortant de mes pensées, je concentre à nouveau mon attention sur Maya qui, comme d'habitude, m'appelle par mon nom. Ca  ne me dérange pas, au contraire j'aime bien cette fille et son caractère bien trempé, mais si je fais pareil je vais finir par m'embrouiller avec les deux soeurs. « Je veux bien combler le vide si tu me le permets, il me reste une vingtaine de minutes avant que je ne termine. » Je regarde dans la salle et remarque qu'il y a une table vide, bien qu'encore encombrée. « Suis moi, » je lui dis avant d'avancer jusqu'à la table. Je me penche pour passer un coup de chiffon dessus afin de la nettoyer et pris les deux verres vides, laissant ainsi à la jeune femme une table bien propre qui n'attend qu'elle. Je me tourne vers elle et plante à nouveau mon regard dans le sien. « Qu'est-ce que je te sers ? » Je n'ai pas besoin de calepin, je suis bien capable de retenir sa commande et de la lui apporter en moins de temps que la plupart des autres clients. D'ailleurs, en parlant d'eux, un homme me fait signe qu'il attend toujours son verre. Je hausse les épaules comme pour lui dire que ce n'est pas ma faute et offre ensuite un sourire innocent à Maya. « T'es mon client vip ce soir. » Je ne compte pas la draguer ni quoi que ce soit, ce serait vraiment une grosse connerie de ma part, mais cette fille est tellement belle qui m'est impossible de ne pas faire de favoritisme pour elle.

Je ne suis généralement pas la fille qu'on peut qualifier de gentille, encore moins de sage. J'ai le don pour enchaîner connerie sur connerie et ça tout en restant de marbre car je suis une personne sans attache, sans vraiment d'émotion. Quand je travaille par contre, c'est tout autre chose. Si je ne souris pas, si je ne me montre pas accueillante avec la clientèle, c'est la porte. J'ai besoin d'argent et je suis donc obligée de mettre mon caractère de cochon de coté pour quelques heures. Heureusement qu'il ne me reste plus longtemps avant que mon service ne se termine. Après l'avoir amenée à sa table, elle me demanda de lui apporter une bouteille de whisky, ce qui me tire un sourire en coin. « Je vois que madame a de bons goûts. Je t'apporte ça, » je réponds en m'éloignant en direction du comptoir. Je me glisse derrière le comptoir, prends sa commande et jette un coup d'oeil rapide à l'horloge. Plus que dix minutes. De toute façon, vu la foule et les autres serveuses qui bossent en même temps que moi, mon patron ne risque sûrement pas de remarquer que je m'accorde quelques minutes de répit. Je retire mon tablier, le range à sa place, puis retourne en direction de Maya avec l'eau, le whisky et deux verres. Nous n'allons quand même pas boire à la bouteille comme deux ivrognes, même si je l'ai déjà fait de nombreuses fois. Je pose les deux bouteilles devant elle et prend place à ses cotés. Elle me demande si je travaille ici depuis longtemps et je secoue négativement la tête. « Pas vraiment, ça doit faire quelques mois, quand j'ai arrêté mes études. » J'ouvre la bouteille de whisky et verse un fond dans chaque verre avec une précision de serveuse que j'ai fini par acquérir en bossant ici. Je repose la bouteille et concentre à nouveau mon attention sur Maya. Étrangement, je ressens le besoin de me faire bien voir par elle. J'ai l'impression que si elle me voit comme je suis la plupart du temps avec les autres elle ne m'appréciera pas et que si elle ne m'aime pas, elle va faire en sorte que Tara soit loin de moi. Je ne peux pas imaginer ça, même si entre nous ce n'est pour le moment que purement sexuel.