we were children.
« Je vais mourir Kira, c'est fini... » J'avais du mal à respirer. Je faisais une crise d'angoisse, mais cette fois elle était plus grave car j'étais flippé, complètement. Mon coeur battait au moins à du deux-cent à l'heure. Accroupie devant moi, ma soeur prit mon visage entre ses petites mains d'enfant de huit ans. Elle était tout aussi paniquée que moi mais elle au moins n'avait jamais eu de problème avec ses poumons. « Non tu vas pas mourir, j'ai besoin de toi s'il te plaît ! Je veux pas te perdre toi aussi... » Les larmes coulaient sur ses joues. La voir dans cet état suffit à calmer les battements précipités de mon coeur. « Ils sont partis ? » Kira se leva et entre-ouvrit la porte de l'armoire dans laquelle nous étions cachés. « Je vais aller voir, reste là. » Je n'eus pas le temps de la retenir que déjà, elle sortait de la pièce. J'entendis le bruit de ses pas dans le couloir puis plus rien, le silence total. Je restai planqué pendant à peine quelques secondes qui me parurent durer des heures. J'entendis un cri, celui de ma soeur. J'ouvris la porte de l'armoire et me précipitai jusqu'au salon, dévalant les escaliers à toute vitesse. Elle était agenouillée à terre, face au corps inerte de notre mère. Je pris sa main et la serrai très fort. Visiblement, ils étaient partis, il ne restait plus que nous dans la maison. Des sirènes ne tardèrent pas à se faire entendre de l'autre coté de la rue. Notre père rentra avant et lorsqu'il découvrit le cadavre de sa femme, il péta littéralement un cable.

Un an passa, puis deux, puis trois. Kira et moi avions fini par nous faire à la mort de notre mère, elle qui avait tenu à défendre ses enfants face à des cambrioleurs tout juste échappés de prison. Notre père, quant-à-lui, n'avait toujours pas digéré la nouvelle. La première fois qu'il leva la main sur moi fut un jeudi, alors qu'il rentrait complètement bourré. Il s'était approché de moi et m'avait empoigné par le col de mon t-shirt. « C'est votre faute, à toi et à ta garce de soeur ! » Il m'avait ensuite jeté par terre pour commencer à me donner coup de pied sur coup de pied et cela en plein visage. Je crus entendre mon nez se fracturer au moment au Kira s'interposa entre nous deux. « Arrête papa ! » Elle le repoussa de toutes se forces et prit soin de m'éloigner de lui. La haine qui se lisait dans ses yeux se transforma en un grand désespoir. Il éclata en sanglot pendant que moi, je faisais une nouvelle crise. Je ne comptai ensuite plus le nombre de fois où j'étais allé à l'hôpital à cause de lui. Ma soeur et moi n'avions pas attendu la majorité pour nous en aller, dix ans de torture étaient assez. On est partis, on l'a laissé derrière nous et tant pis si il mettait fin à ses jours. Après tout, on s'en fichait. Kira et moi avions atterris dans cette ville car soit-disant elle y connaissait du monde. Je l'avais suivie, tant que j'étais loin de notre père ça me convenait. Ce fut à partir de là que ma vraie vie commença.

and now we're teenagers.
Je commençais à enchaîner les soirées, les beuveries, je me faisais des potes à l'université car à ce moment-là, je comptais encore suivre des études. Je participais à un peu près toutes les soirées étudiantes, je finissais bourré et m'endormais dans le canapé, dans la baignoire, et même une fois dans le jardin. Un soir, ils décidèrent de m'organiser une fête d'anniversaire pour mes vingt-ans. J'étais censé passer une soirée tranquille avec mon meilleur pote, comme tous les vendredi soirs. Lorsqu'on est entrés, une trentaine voir cinquantaine de personne à débarqué de partout en hurlant. « Joyeux anniversaiiire Jax ! » Je restai planté là un moment avant d'asséner un coup de poing dans l'épaule d'Ethan, mon meilleur pote. « C'est toi ça, je te reconnais bien là. » Il se contentai de sourire et rejoignis les autres qui déjà buvaient dans un verre en plastique rouge. La musique résonnait dans toute la maison. Je me fis emporter par une vague d'amis et bus une bière, puis deux, puis un verre de vodka et ainsi de suite avant de finir complètement déchiré. Fin de soirée, je m'écroulai sur le canapé. « Bon anniversaire Jaxen,  » murmura une voix féminine à mon oreille. C'était Meredith. Cette fille était un canon, le genre inaccessible et qui, pourtant, se mit à califourchon sur moi avec à la main un joint déjà entamé. Je ne m'étais pas rendu compte que la moitié des personnes dans la pièce était en train de fumer, les yeux injectés de sang, écroulés à terre. Meredith se mit à caresser mon torse, prit une bouffée de son joint et la souffla contre mon visage. Elle me le fila ensuite et je tirai à mon tour. Elle le récupéra, prit mon visage entre ses doigts. « Je ne t'ai pas encore offert ton cadeau. » Sa voix était suave, envoûtante. Alors que ses lèvres effleurèrent les miennes, j'entendis quelqu'un crier, suivi de bruits de sirènes. « Les flics débarquent ! » Tout le monde se mit à courir en tout sens, sauf ceux écroulés à terre bien sûr. Meredith se leva, attrapa ma main et me guida à travers la maison. Trois flics ne tardèrent pas à entrer et à arrêter tous ceux qui étaient dans leur chemin. Meredith monta les escaliers, entra dans la chambre d'Ethan, ferma derrière elle puis se dirigea vers l'armoire qu'elle ouvrit. « Entre ! » Je restai planté là sans bouger. Je ne voulais pas, il en était hors de question. Et pourtant je n'eus pas le choix. Elle me poussa à l'intérieur et entra ensuite en se collant contre moi. Je fermai les yeux. J'avais l'impression d'être à nouveau avec Kira lorsque nous avions huit ans. Soudain, le bruit du coup de feu retentit dans ma tête. J'ouvris les yeux et n'arrivai plus à inspirer. Mon coeur battait à vive allure, je ne savais plus respirer. La voix de Meredith soufflant mon prénom me parvenait à peine et je finis par m'évanouir.

En me réveillant, je ne reconnus pas ma chambre mais un lit d'hôpital. Kira était assoupie à coté de moi, assise sur une chaise. Elle ouvrit un oeil et lorsqu'elle vit que j'étais éveillé, elle se pencha vers moi et me frappa le torse. « T'es dingue ou quoi ?! J'ai eu la peur de ma vie crétin ! » Un sourire étira mes lèvres et j'inspirai profondément. Je me sentais faible et je devais puer un mélange d'alcool/beuh. « Désolé Kira, » répondis-je en soupirant. Elle était furieuse mais n'en dit pas plus pour autant. Heureusement, je n'avais rien eu malgré les prises de sangs. Je n'eus plus jamais de nouvelle de Meredith et décidai d'arrêter mes études vers vingt-et-un ans pour gérer un magasin de musique. Kira, quant-à-elle, vivait sa petite vie d'enfant modèle. J'étais fier d'elle, elle avait mieux réussi que moi.