Lucas ∞ Aoline

Nouveau départ, nouvelle ville, nouvelles relations. Line avait quitté la France deux mois auparavant, en compagnie de sa meilleure amie, Camille. Cette dernière avait accepté de la suivre à Santa Barbara et de tout laisser derrière elle. C'était un changement considérable pour les deux jeunes femmes et il était grand temps de faire des efforts et de s'intégrer un minimum. La brunette s'était inscrite à la fac et avait repris les cours depuis peu. Cela lui faisait bien fou et lui permettait de garder une hygiène de vie saine. Elle avait besoin de cadres : se lever à des heures fixes, prendre le temps de petit-déjeuner - ce qu'elle n'avait pas fait depuis longtemps - partir à la fac, et ainsi de suite. C'était ce que son parrain lui avait conseillé de faire. Camille l'aidait énormément de son côté. Lorsqu'elle se sentait mal, lorsqu'elle avait le sentiment qu'elle pouvait rechuter, elle sortait deux pots de glace, s'installait sur le canapé, un plaid sur les genoux et elles passaient la soirée à regarder des comédies romantiques. La blondinette était « her person » comme les disent les américains, son pilier. Donc elle suivit sa routine à la lettre, et fila en cours.
La matinée se passa sans encombres, Aoline resta attentive, prenant en notes tout ce qu'elle pouvait. Au début, elle eut du mal mais elle reprit rapidement le coup de main. Finalement, la pause déjeuner pointa le bout de son nez. Elle s'installa à une table du fond. Pour le moment, la française ne se sentait pas de copiner avec les autres étudiants. Elle s'assit en tailleur, son plateau devant elle. Elle observait les différents groupes lorsqu'une personne attira son attention. D'ordinaire dans sa bulle, faisant abstraction de tout ce qui se passait autour, une conversation lui fit tendre l'oreille. Trois filles étaient debout, jouant de leurs charmes. Le genre d'attitude superficielle que la brunette détestait « Alors Lucas, comment ça va ? T'as l'air en forme, t'as fais de l'exercice nan ? », lui dit-elle caressant - plutôt que posant - sa main sur l'épaule du Lucas en question. Elle recula un peu et ne put s'empêcher de remarquer qu'il semblait ... agacé. Il tentait vainement de le cacher mais les trois pimbêches ne s'en formalisaient guère. Une fois les poupées barbies parties, Line lâcha, un sourire en coin « Si tu ne les aimes pas, pourquoi ne pas simplement leur dire ? Ca t'éviterait de prétendre le contraire et de perdre ton temps. Enfin, ce que j'en penses moi ... » ajouta t-elle, en jouant avec ses frites.

L’année scolaire touche à sa fin et ça n’est pas pour me déplaire. Si j’aime la filière que je me suis choisi et adore les leçons de tennis, qu’elles soient techniques ou pratiques, j’aime beaucoup moins les matières qu’on nous oblige à suivre en parallèle. Evidemment, je ne suis pas totalement contre et au fond, je sais pertinemment que continuer à étudier des choses un peu plus intellectuelles nous sera forcément bénéfiques à nous autres sportifs, mais je n’ai jamais été le genre de type à s’épanouir dans une salle de classe et ça me prend vraiment la tête de passer des heures assis en amphithéâtres à écouter les discours inintéressants de professeurs qui nous considèrent, pour la plupart, comme des bons à rien. C’est fou, mais parfois, j’ai presque l’impression d’être entouré de clones d’Hayley et de mon père. Plutôt flippant, n’est-ce pas ? Amusé par cette image, je m’empresse d’attraper mon téléphone portable pour la partager avec Aaron et Diana. Si mon jumeau et ma petite-sœur étudient dans la même université, nous nous retrouvons rarement dans les mêmes bâtiments et nous n’avons, de fait, que très rarement l’occasion de déjeuner ensemble. « Lucas ! » Je me retourne et fais face à un groupe d’amis ou disons plutôt de connaissances avec lesquelles le courant passe vraiment bien. « On va déjeuner en ville, tu veux nous accompagner ? » Sur le moment, je suis tenté de dire oui, puis je me souviens que j’ai déjà été manger dans un fast-food la vieille au soir et décline finalement leur invitation. Connaissant mon préparateur sportif, il va faire une crise cardiaque et comme je ne suis pas d’humeur à supporter ses reproches, je préfère éviter de lui donner de quoi me prendre la tête.

C’est donc seul et résigné que je me dirige vers la cafétéria de l’université. Au départ, tout se passe bien. Le menu m’intéresse et les dames de la cantine sont si sympathiques que je reste quelques minutes à discuter avec elle. Puis, tandis que je cherche activement une table à laquelle m’installer, je me fais aborder par le trio le plus insupportable de toute l’université. Des étudiantes en arts plastiques, qu’on appelle communément, les vipères… « Alors Lucas, comment ça va ? T'as l'air en forme, t'as fais de l'exercice nan ? » me demande Sandy en posant sa main sur mon épaule. « Très bien, mais je suis un peu pressé là alors… » Je ne sais même pas pourquoi je me fatigue à essayer, car ces filles sont de véritables sangsues et en conséquence, se débarrasser d’elles relève presque de la mission impossible. Toutefois, après leur avoir promis de passer à leur petite fête ridicule, sauterie qui se déroulerait le week-end suivant, elles consentent enfin à me lâcher la grappe. A nouveau seul, je repars à la recherche d’un endroit où m’installer, mais mes recherches sont interrompues par la voix d’une jeune femme. « Si tu ne les aimes pas, pourquoi ne pas simplement leur dire ? Ça t'éviterait de prétendre le contraire et de perdre ton temps. Enfin, ce que j'en penses moi ... » Je toise la jolie brune d’un air amusé. « Tu sais que c’est mal élevé d’écouter aux portes… » je lance, sous le ton de la plaisanterie, avant d’ajouter : « Cela dit, tu as raison, je déteste ces filles ! De vraies plaies, t’as même pas idée ! Mais j’imagine qu’elles doivent être trop limitées pour s’en rendre compte, si tu vois ce que je veux dire… » La jeune femme sourit et sur le coup, j’ai bien envie de lui tendre la main pour la saluer, mais mon plateau m’en empêche. « Je m’appelle Lucas ! »

Code by Silver Lungs

Lucas ∞ Aoline

La brunette s'était un peu mêlée de ce qui ne la regardait pas mais elle n'avait pas pu s'empêcher de lui faire une remarque. Elle s'était attendue à toute sorte de réaction de la part du jeune homme, du style « de quoi j'me mêle ? » ou encore « t'es qui pour les juger » mais pas à ce qu'il approuve ses propos. « Tu sais que c’est mal élevé d’écouter aux portes… Cela dit, tu as raison, je déteste ces filles ! De vraies plaies, t’as même pas idée ! Mais j’imagine qu’elles doivent être trop limitées pour s’en rendre compte, si tu vois ce que je veux dire… » Aoline se mit à sourire « Je m’appelle Lucas ! » Elle opina, en plaisantant « Oui j'ai cru comprendre. Je n'attend personne alors si tu veux être tranquille, tu peux t'asseoir. » Lucas accepta et prit place en face d'elle. Elle qui, cinq minutes plus tôt, n'était pas d'humeur se copiner, le jeune homme lui avait fait changer d'avis. Il semblait être quelqu'un d'enjoué et ça lui plaisait. Elle espérait qu'aucun autre groupe de filles ne viendrait le convier à une soirée. Il avait répondu par politesse mais les prochaines n'auraient pas cette chance si Line prenait la parole. Elle détestait être dérangée pendant son repas. Toujours assise en tailleur, la brunette se tâtait devant son assiette. Elle savait qu'elle devait manger, ne sauter aucun repas. Elle leva la tête vers Lucas qui n'avait rien dit pour le moment « Au fait, je m'appelle Aoline, mais on m'appelle Line » lui dit-elle en lui tendant la main. Avec tout ça, elle en avait oublié les bonnes manières. Si Camille avait été là, la brunette aurait eu droit à un coup de coude dans les côtes comme rappel à l'ordre. Ce n'était pas contre lui, mais la française était souvent dans sa bulle et il fallait attirer son attention pour avoir un minimum de considération de sa part. Enfin, au début tout du moins. Lorsque Line vous comptait parmi ses amis, elle se montrait présente et très fidèle. Et que vous vouliez qu'elle s'occupe de vous, ou pas, vous donne des conseils ou non, cela ne faisait aucune différence pour elle. « Alors tu vas y aller à leur soirée ? On a presque eu l'impression que tu n'avais pas le choix. Aurais-je devant moi le fils du maire ou d'une autre personnalité importante pour que ta présence leur soit si indispensable ? » L'ironie et le sarcasme faisaient partie intégrante de la personnalité de la française. Soit on aimait, soit on détestait. Lucas parut amusé par sa question « Désolée, enfin j'espère vraiment que tu n'es pas le fils du maire, parce que sinon, c'est la dernière fois que tu me vois. » ajouta t-elle en souriant.

Cette fille a quelque chose de différent. Elle semble beaucoup plus réaliste, posée et sincère que la majorité des demoiselles auxquelles j’ai eu à faire. Si les trois pimbêches de tout à l’heure m’exaspèrent part leur simple présence, celle de la brunette m’est anormalement sympathique. Je ne saurais pas l’expliquer, ni même vous dire de quoi il s’agit exactement, mais quelque chose de particulier émane de cette fille, quelque chose qui suscite mon intérêt et me donne envie de la connaître. Aussi, lorsqu’elle me propose de déjeuner avec elle, j’accepte immédiatement son invitation. De toute manière, c’était ça ou me farcir les trois autres imbéciles. Autant vous dire que le choix n’a pas été très compliqué. « Au fait, je m'appelle Aoline, mais on m'appelle Line » se présente-t-elle en me tendant la main, une main que je saisis, dans un grand sourire. « C’est un très joli prénom. Je ne l’avais encore jamais entendu, mais j’aime beaucoup ! Enchanté Line ! Dis-moi, tu n’es pas du coin, j’me trompe ? » Elle fronce alors les sourcils. « Ne le prends pas mal surtout, mais j’ai comme l’impression que tu as un petit accent… Un accent que je n’arrive pas très bien à situer. Du coup, j’me suis dit que tu n’étais peut-être pas américaine… » Comme quoi, le fait d’être un sportif ne m’empêche pas de faire fonctionner mes méninges, je songe, comme pour lancer un pic imaginaire à ma pimbêche de petite sœur Hayley.

Une fois les présentations terminées, nous recommençons à parler des trois filles de tout à l’heure. Si je n’ai pas pour habitude de leur accorder un si grand intérêt, je ne suis pas grossier au point de couper court à la conversation. Qui plus, nous nous connaissons à peine. De quoi pourrions nous parler dans l’immédiat ? A moins de lui faire passer un interrogatoire pour savoir d’où elle vient, je ne vois pas.  « Alors tu vas y aller à leur soirée ? On a presque eu l'impression que tu n'avais pas le choix. Aurais-je devant moi le fils du maire ou d'une autre personnalité importante pour que ta présence leur soit si indispensable ? » Un sourire m’échappe. Du sarcasme, vraiment ? J’adore cette fille. Pour un peu, je tomberais presque amoureux. « Désolée, enfin j'espère vraiment que tu n'es pas le fils du maire, parce que sinon, c'est la dernière fois que tu me vois… » conclut-elle, un sourire au bord des lèvres. « On peut savoir ce que tu as contre les fils de ? » Elle hausse les épaules. « En tout cas, si ça peut te rassurer, Mr. Alexander n’est pas mon père. En revanche, le mien est un chef étoilé, propriétaire d’une discothèque, d’un bar et du meilleur restaurant de la ville. En tout cas, c’est ce qui se dit… » je lâche, l’air de rien, car je n’ai jamais été du genre à prendre toutes ces histoires de notoriété trop au sérieux. « Quoi qu’il en soit… J’ai flirté avec l’une de ses filles… » A ces mots, Aoline fait les yeux ronds. « Je sais, grossière erreur, mais… qu’est-ce que tu veux que j’te dise ? En tout cas, elles ne me lâchent plus depuis et si j’ai accepté d’aller à leur soirée, c’était simplement pour qu’elles me fichent la paix ! Mais d’ici-là, je devrais pouvoir trouver mieux à faire… » dis-je, en piochant dans mon assiette.

Code by Silver Lungs

Lucas ∞ Aoline

Ces deux-là allaient passer du temps ensembles, alors Aoline avait pris l'initiative d'engager la conversation, à sa manière avec ironie et sarcasme. Et finalement, elle prit la peine de se présenter à Lucas. « C’est un très joli prénom. Je ne l’avais encore jamais entendu, mais j’aime beaucoup ! Enchanté Line ! Dis-moi, tu n’es pas du coin, j’me trompe ? » La brunette fronça les sourcils. C'était si évident que cela ? Pourtant Line n'était pas le genre de personne que l'on arrivait à décrypter facilement. En tout cas, elle s'appliquait à ne pas l'être. C'était dans sa nature depuis cet événement « Ne le prends pas mal surtout, mais j’ai comme l’impression que tu as un petit accent… Un accent que je n’arrive pas très bien à situer. Du coup, j’me suis dit que tu n’étais peut-être pas américaine… » La brunette acquiesça. Malheureusement, son accent était la seule chose qu'elle ne pouvait pas laisser derrière elle, comme elle avait pu le faire avec sa famille et le reste de sa vie à vrai dire. « Tu as vu juste. Je suis française mais j'ai des origines anglaises, c'est certainement ça que tu as entendu. » Son père était anglais et il était venu s'installer à Toulouse pour ses études. Deux mois plus tard, il rencontrait sa future femme. Depuis il n'avait plus quitté la France. Ils avaient fait quelques allers-retours avec leurs enfants, jusqu'à ce fameux jour. Elle avait eu le temps d'attraper - si on peut dire - l'accent british. La brunette revint alors sur le sujet des trois filles. Le fait qu'elles insistent autant auprès de Lucas l'avait surprise. Elle en avait donc déduit qu'il était peut-être quelqu'un d'important. Elle lui avait part de sa théorie, à sa manière encore une fois. La réponse du jeune homme la fit sourire. Il lui précisa qu'il n'était pas le fils du maire - Line réprima un soupir de soulagement, surtout au vue de son attitude - et évoqua le métier de son père. La restauration et le monde de la nuit. C'était malin comme choix. D'abord, les clients les plus fortunés mangeaient dans son restaurant et passaient le reste de la nuit, dans sa discothèque. Cependant, Lucas ne semblait pas plus fier ou emballer que ça. Son « en tout cas, c'est ce qui se dit » voulait tout dire. Elle garda sa remarque dans un coin de sa tête. Il lui avoua finalement qu'il était sorti avec l'une de ces pimbêches. Aoline roula des yeux. Tout s'expliquait. Il avait accepté leur invitation pour qu'elles lui lâchent la grappe. La française avait donc vu juste. « [...]Mais d’ici-là, je devrais pouvoir trouver mieux à faire… » A ces mots, Line sourit « Je suis super douée pour trouver des excuses si tu veux. » Lorsqu'elle était encore une junkie, la brunette avait inventé des excuses toutes plus farfelues les unes que les autres. Au début, cela avait fonctionnait. Tout cela pour dire qu'elle devrait être mesure de trouver idée concernant une soirée. « Alors Lucas, que fais-tu de tes journées ? » Une manière comme une autre, d'apprendre à le connaître.

Je ne suis peut-être pas le garçon le plus intelligent qu’elle ait rencontré, mais j’ai un très bon sens de l’observation. On dit aussi de moi que je cerne plutôt bien les gens et que j’ai le contact facile. Contrairement à beaucoup, je ne suis pas timide et je sympathise très vite avec les personnes que je rencontre. Le courant semble d’ailleurs très bien passer avec Aoline et si elle s’étonne de ma question, elle ne rechigne pourtant pas à y répondre. Je ne suis donc qu’à moitié surpris d’apprendre qu’elle est française, mais qu’elle a des origines anglaises qu’elle tient de son père. « C’était donc ça… » je lâche, pensif, avant de lui adresser un énorme sourire. Si nous parlons la même langue, j’ai parfois l’impression qu’un véritable fossé se dresse entre nous et les britanniques. Leur voix est toujours incroyablement posée ce qui leur donne un petit air prétentieux, sans compter que la majorité de leurs expressions diffèrent totalement des nôtres. Quoi qu’il en soit, je suis plutôt ravi d’avoir vu juste à son sujet et tout ce que j’espère, c’est qu’elle est aussi sympathique que mon instinct voudrait bien me le faire croire.

Nous finissons par reparler de la fameuse soirée à laquelle j’ai été invité et lorsqu’elle me demande si je compte y aller, ma réponse est catégorique. Si j’ai prétendu être partant devant ces filles, je n’ai pas l’intention d’y mettre les pieds. A quoi bon ? Certes, j’aime faire la fête, mais il faut aussi savoir bien s’entourer et si ces trois étudiantes sont effectivement très jolies, au-delà de ça, j’ai bien peur qu’elles n’aient pas grand-chose à leur avantage. C’est d’ailleurs et en partie pour ça que ça n’a pas été plus loin qu’un simple flirt avec Sandy. « Je suis super douée pour trouver des excuses si tu veux. » Je souris, à la fois amusé et intrigué par sa remarque. « Sans vouloir te cataloguer, t’as plutôt l’air d’une gentille petite étudiante bien rangée que d’une vile menteuse ! Mais pourquoi pas ? Si je n’ai rien trouvé d’ici samedi, je pourrais toujours faire appel à tes services ! » D’autant que je n’ai pas la moindre idée de ce que je vais bien pouvoir inventer pour leur échapper, mais d’un autre côté, j’ai encore le temps d’y penser. « Alors Lucas, que fais-tu de tes journées ? » Jusqu’alors plongé dans mon assiette de frites, je relève la tête vers elle. « Qu’est-ce que tu crois que je fais ? Enfin, dans quelle filière tu me verrais… » La jeune femme semble réfléchir un instant, puis hausse les épaules, sans doute gênée à l’idée de dire une bêtise. « Je doute que ça te surprenne, mais je suis en sports-études, spécialité tennis ! J’en fais depuis tout petit et je rêve de passer pro ! Mais bon, c’est pas évident… » dis-je, sans m’attarder sur le sujet, bien que ça me pèse. « Et toi ? Qu’est-ce que tu étudies? Laisse-moi réfléchir… Le journalisme, peut-être ? »

Code by Silver Lungs

Lucas ∞ Aoline

Lucas lui plaisait. Son enthousiasme était contagieux. Ils abordèrent la soirée en question, et Aoline proposa son aide pour trouver une excuse bidon imparable « Sans vouloir te cataloguer, t’as plutôt l’air d’une gentille petite étudiante bien rangée que d’une vile menteuse ! Mais pourquoi pas ? Si je n’ai rien trouvé d’ici samedi, je pourrais toujours faire appel à tes services ! » La brunette laissa échapper un rire nerveux. C'était plus un réflexe qu'autre chose. Après tout, lorsque l'on posait un regard sur elle, on ne pouvait imaginer qu'elle avait passé du temps en centre de désintox, ou même qu'elle était une ex-junkie. Malgré les progrès qu'elle avait pu faire, elle se considérait comme étant toujours en convalescence. Elle pouvait paraître hautaine, donner l'impression d'être supérieure, mais c'était tout le contraire. Elle n'avait aucune confiance en elle, en ses capacités à résister à la tentation. Elle préférait se trouver loin d'elle, que d'affronter ses peurs. Elle pouvait sembler lâche, mais elle était juste terrifiée. Line continua sur le ton de la conversation et alla à la pêche aux informations. Lucas lui proposa de deviner, mais elle n'en avait pas la moindre idée, et se contenta d'hausser les épaules. « Je doute que ça te surprenne, mais je suis en sports-études, spécialité tennis ! J’en fais depuis tout petit et je rêve de passer pro ! Mais bon, c’est pas évident…  Et toi ? Qu’est-ce que tu étudies? Laisse-moi réfléchir… Le journalisme, peut-être ? » La brunette secoua la tête. Elle aurait pu d'ailleurs, mais elle se souvenait des papiers qu'ils avaient écrit suite à tout ce qui s'était passé dans sa famille. La mort de son aîné, la fuite d'Evan, les viols, bref, elle avait détesté cette période. Elle aurait pu donner une autre dimension au journalisme avec ce qu'elle avait vécu, mais elle en avait été incapable. «La psychologie en fait. Je ne sais pas si c'est vraiment ça que j'ai envie de faire, mais c'est intéressant. » Line avait des goûts très éclectique et cela ne l'aidait guère à trouver une filière et y rester. Elle adorait le dessin, et se débrouillait assez pour entamer des cours mais elle aimait également écrire. Cependant, elle s'était tournée vers la psychologie dans l'espoir de comprendre. Comprendre comment et pourquoi son frère aîné en est arrivé à faire ça, ou même ne serait-ce qu'à y penser. Elle espérant trouver des réponses. Elle marqua une pause et préféra changer de sujet « Alors comment ça fonctionne le sport-étude ? » ajouta t-elle, réellement intéressée.  

Je suis plutôt surpris d’apprendre qu’elle étudie en fait la psychologie. J’ignore pourquoi, mais je ne la voyais vraiment pas du tout cette filière. Et comme j’ai généralement de bonnes intuitions, force est de constater que je reste bouche-bée. « Honnêtement, j’aurais jamais pu deviner ! Ça va sans doute te paraître un peu stupide, mais pour moi, les gens qui étudient dans cette branche sont tous un peu bizarres, ils ont l’air coincé et beaucoup trop sérieux ! Comme tu sembles curieuse, drôle et enthousiaste, je t’aurais plutôt vue en tant que journaliste, mais… bon… Tu ne penses pas en faire ton métier, du coup ? » je demande, en réalisant qu’elle vient justement de me dire qu’elle n’était pas sûre de s’être engagée dans la bonne voie. Tout en écoutant sa réponse, je réponds discrètement à un texto d’Aaron, mais Line semble s’en rendre compte, car elle s’empresse de m’interroger sur ma filière, pensant sans doute qu’elle m’ennuie. « Désolé pour ça… » dis-je en désignant l’appareil. « Mais il fallait absolument que je réponde ! Vois-tu, j’ai un frère jumeau et il a tendance à se faire du souci pour moi. Même beaucoup trop, si tu vois ce que je veux dire… » Un sourire fautif se dessine sur mes lèvres, tandis que j’entreprends de répondre à sa question. « En bref, tu choisis une spécialité. Dans mon cas, le tennis et tu t’entraînes régulièrement pour progresser et passer pro. Du coup, tu te retrouves à préparer de grosses compétitions ce qui t’oblige à adopter un régime alimentaire et une hygiène de vie irréprochables. Question d’habitude… » Je ne suis pas très regardant question alimentation et je fais ponctuellement de petits écarts, comme ce midi par exemple. « Mais comme tu as pu le constater, il m’arrive parfois de dérober à la règle ! Sinon, on suit aussi des matières plus traditionnelles, histoire d’avoir un semblant de connaissances et de culture générale. Exit donc, le sportif sans cervelle ! » Je dis ça sous le ton de la plaisanterie, même si j’ai toujours détesté qu’on me catalogue de cette manière.

Code by Silver Lungs

Lucas ∞ Aoline

Une certaine dynamique s'installe alors entre eux. Chacun posant une question à l'autre, cherchant à se connaitre. Aoline n'était pourtant pas du genre à prendre le temps de se faire de nouveaux amis. Sa meilleure amie la qualifiait d'asociale. Certes, elle avait du mal à se lier, mais ce n'était pas pour autant qu'elle était incapable de réellement s'intéresser aux gens. Sa rencontre avec Lucas le prouvait d'ailleurs. Elle chercha à savoir ce qu'il faisait le plus clair de son temps avant de remarquer des mouvements sous la table. Apparemment, il regardait son téléphone. Il sembla s'en apercevoir et s'excusa « Mais il fallait absolument que je réponde ! Vois-tu, j’ai un frère jumeau et il a tendance à se faire du souci pour moi. Même beaucoup trop, si tu vois ce que je veux dire… » La brunette songea presque immédiatement à Evan, son frère. Elle se doutait qu'il aurait été comme ça avec elle s'il n'avait pas du disparaitre. Cependant, Camille avait très bien endossé ce rôle. Cela la faisait beaucoup. Lucas lui expliqua en détails en quoi le sport-étude consistait. Non sans ajouter que malgré un avantage certain accordé au sport, il continuait à suivre un cursus pour ainsi plus classique. Sa dernière remarque la fit sourire. « Exit en effet. Si je devais qualifier une personne ici de sans cervelle, ce n'est pas vers toi que je me tournerai mais vers le groupe de filles de tout à l'heure, et pourtant je suis sûre qu'elles suivent un cursus du style, science po ou biochimie. C'est pas de la popularité, tu les attires carrément  » ajouta t-elle avec un regard entendu. Line n'en revenait pas et ne put s'empêcher de lever les yeux au ciel. Qu'est-ce qu'elle voulait encore ?!  « Au fait Lucas, tu ne sau... » « Et ma bonne humeur s'est envolée » lacha t-elle, un sourire bien faux plaqué sur les lèvres. Peut-être finiraient-elle par dégager si elle leur faisait comprendre qu'elles n'avaient pas leur place ici.