Je n'ai jamais une vie compliquée et remplie de malheur comme certains peuvent avoir. Non. D'aussi loin que je me souvienne, je n'ai jamais été négligée ou maltraitée par mes parents.

Je suis née un dimanche, le 6 juin. Mes parents, Karen et John, m'attendaient avec impatience. Ils se sont rencontrés au lycée. Mon père était le capitaine de foot et ma mère, la première de classe. Et contrairement à ce que l'on pourrait penser, il ne s'est pas rapprochée d'elle pour avoir de bonnes notes parce que mon père était loin d'être le sportif imbécile. Non, c'est grâce à leur professeur de sciences que tout a commencé. Je pense que c'est en parti pour cette raison que ma mère est devenu chirurgien pédiatrique et que mon père travaille pour une grande firme pharmaceutique. Donc vous voyez, rien de malheureux. Et ils m'ont eue. Leo. J'étais attendue et j'ai été choyée et aimée. J'étais la prunelle des yeux de ma mère et la princesse de mon père.

J'ai grandit dans un cadre normal, avec des moyens peut-être un peu plus élevés que la moyenne. Néanmoins, si je désirais quelque chose, mes parents me répondaient de travailler pour le mériter. Une princesse, peut-être, mais pas née avec la cuillère en argent dans la bouche. Si les maternelles ont dégagé que j'avais un haut potentiel pour le dessin, les primaires et le collège ont démontré que je n'avais pas vraiment l'esprit scientifique de mes parents et de mon frère. Oh non, je n'étais pas nulle au point de ne pas avoir la moyenne mais disons que.. j'étais -et suis toujours- plus douée avec les mots qu'avec des balances et des neutrons.

Alors que mon frère devenait le fils parfait, moi, au lycée, je me démarquais par ma débrouillardise à ne jamais me faire prendre quand quelque chose d'étrange se passait dans ma classe. Et puis, c'est là que je l'ai rencontré. Celui que je croyais être mon grand amour. Jason. Il était beau, brun, ténébreux. Un bad boy comme on en fait plus. Un dur, un vrai. J'étais prête à tout pour lui. Et ce n'est rien de le dire. Je venais à peine d'avoir 18 ans, que je fuyais avec lui. Quittant ainsi Chicago pour L.A. . La ville de toutes les promesses et de la réussite. Et pour réussir et aller haut, il faut commencer bas. Il avait quelques relations dans le coin. Et afin de gravir les échelons plus vie, je l'ai aidée à liquider ses cachets. Et il s'est avéré que j'étais plutôt douée pour faire ça.

Après plusieurs semaines à faire ces petits boulots, il a disparu de la circulation. Me laissant seule avec tout son matos à liquider. Seule dans cette immense ville avec aucun argent et aucun contact. Je l'avoue, j'ai eu une période difficile. Je croyais vraiment qu'il m'aimait. Après avoir digérer cet.. abandon minable, je me suis relevée et j'ai de nouveau été plus qu'efficace. A tel point qu'un Cartel m'a repéré et m'a laissé ma chance de faire mes preuves. Ce qu'il y a bien avec eux, c'est qu'une fois que l'on rentre dans leur cercle, on y trouve soutient, aide et protection. Et surtout des gars pas très malin. J'ai rapidement appris à séduire, à me servir de mes atouts pour arriver plus haut que simple petite dealeuse ou danseuse.

Après avoir captivé l'attention d'un des lieutenants, je me suis retrouvée propulsée à bien plus haut que je ne l'espérais. Des ordres? J'en donnais aussi maintenant. Cette sensation de pouvoir me gonflait les veines comme jamais. Je me sentais importante.

Lors d'un de mes passages sur scène, j'ai vu "mon" lieutenant -quel imbécile celui-là. S'il croit sincèrement que quelques cadeaux en échange d'une partie de jambes en l'air suffit pour que je lui appartienne, il se trompe! - est entré avec un petit nouveau. Grand, assez large d'épaules et au regard malicieux. Mignon, il l'était complètement. On me l'a présenté comme Noah. Un petit nouveau qui avait déjà fait ses preuves dans le milieu dans plusieurs autres grandes villes. Et il voulait que cela soit moi qui m'occupe de lui montrer que nous fonctionnons. Je dois avouer que la perspective de former quelqu'un me plaisait complètement. D'autant plus si ce quelqu'un était aussi mignon que ce Noah. Pour la peine, je lui ai offert un baptême inoubliable: LA lapdanse de sa vie. Et puis, il a disparu avec le lieutenant.

Passé cette nuit et quelques nombreuses nombreuses explications pour lui, nous avons été sur le terrain et.. On formait une équipe du tonnerre. Et trois ans plus tard, on était vraiment les meilleurs dans notre genre, une complicité était née entre nous. Un jeu même. Nous avions pris l'habitude, après chaque "travail" effectué, de nous retrouvé dans un bar pour boire une bière -ou autre- et à discuter. Souvent, je le reconnais, je venais près -trop près- pour m'amuser un peu. Le toucher, l'enivrer, le caresser, le séduire. Mais dès que cela venait un peu trop loin pour lui, il s'écartait gentiment, poliment en me disant que " On ne touche pas à la copine d'un chef ".

Trois ans. Cela a duré trois ans sans que rien ne vienne "nous" poser de problèmes jusqu'à ce que cet idiot de larbin aille tout raconter à "mon" lieutenant et nous fasse passer une petite correction. Noah dans la ruelle derrière le club, moi en coulisse. C'est ce soir-là que tout s'est enchainé je crois. A vrai dire, j'avais la tête tellement loin que je ne me souviens plus trop si c'était le même soir ou le suivant. Quoiqu'il en soit, quand je suis sortie des coulisses pour me prendre un verre pour me remettre les nerfs d'aplomb, j'ai vu Noah s'approcher de moi. Son regard n'était plus le même. Plus de malice, plus de petit sourire quand il me voit. Même sa posture en marchant avait changé. Il est passé de l'ami protecteur à quelqu'un de froid, distant et trop sur de lui à mon goût. Sur la table qui nous séparait, il a déposé son insigne et pendant que je baissais les yeux pour mieux voir les choses, il avait sorti son arme et me braquait tandis que plusieurs autres flics sont entrés dans le club pour faire une descente. J'ai entendu sa voix m'appeler. Je crois qu'il a du s'y reprendra à deux fois pour que je reporte mon regard sur lui. Il a raconté tout un tas de conneries avant de me dire qu'il voulait m'aider et qu'il pouvait le faire. Nouvelle identité, nouvel Etat, nouvelle vie. J'avoue que je n'ai entendu que quelques mots. Je lui ai dit que je ne me sentais pas bien et après m'être isolée quelques -longues- minutes aux toilettes, j'ai repris mes esprits. Noah n'était qu'une saleté de taupe qui venait de foutre tous mes efforts en l'air et il m'offrait une nouvelle vie par dessus le marché! Mais quelle vie? Je ne sais rien faire à part ça! J'ai pris l'arme que je ne sais plus qui cachait dans la deuxième toilette et je suis ressortie bien décidée à lui faire payer tout ce qu'il venait de m'enlever. J'ai ouvert la porte aussi rapidement que j'ai pu et c'est nez à nez avec le canon de son flingue que je suis tombée. Aujourd'hui encore, je ne comprends pas pourquoi il ne m'a pas arrêté. Il a attendu que toutes les personnes du club se fasse arrêter, que l'on soit seuls. Il ne m'a rien dit. Je ne lui ai rien dit. On s'est simplement regardé avant qu'il ne s'éloigne et ne me laisse "libre".

Seule et sans rien, j'étais de nouveau à la case départ. Je n'avais plus rien et quand on a plus rien et que l'on a faim, on fait le tapin. J'ai fait durant plusieurs mois avant de le revoir à nouveau. Ce Noah.. Ou.. Non. Sorhan. Je sortais d'une passe avec un client stupide quand je l'ai revu dans cette petite rue sombre et dégueulasse. Lui et ses autres gars. Je suis restée à l'écart, j'ai observé. Une nouvelle descende. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il n'a pas perdu son temps. Je le maudissais intérieurement quand j'ai entendu un petit cliquetis métallique derrière moi. Je me suis retournée lentement et j'ai regardé l'officier qui me braquait. Une femme. Jolie, sûre d'elle. Sans doute de trop. Elle parlait calmement mais fermement. J'ai levé les bras comme elle me l'a demandé, je me demandais si Sorhan lui avait parlé de moi et que si la "chance" qu'il m'avait laissé la première fois était toujours d'actualité. Elle me demandait mon nom. Et à l'instant où j'ouvris la bouche, une giclée de sang m'est parvenue sur le visage. J'ai vu la fliquette écarquiller les yeux, poser sa main sur sa gorge avant de s'écrouler. Quand elle est tombée, j'ai vu derrière elle un homme. Il m'a sourit, fait un clin d'oeil avant de disparaitre de la rue rapidement. J'ai baissé les yeux et fixer un instant la policière en train de suffoquer. J'ignore encore pourquoi je me suis baissée pour passer mes mains sur la plaie pour essayer de contenir le sang. Je suis restée quelques secondes comme ça près d'elle. Jusqu'à ce que sa radio n'annonce que tout le monde avait été attrapé. Tout le monde sauf un gars. On lui demandait sa position. Une fois. Deux fois. Puis le ton dans sa radio s'est montré plus pressant, inquiet. La troisième fois, on l'a presque hurlé. Je me suis redressée, je me suis excusée auprès de cette femme.. Pourquoi, je ne sais pas et puis je suis partie en courant.

Je suis partie de Los Angeles quelque temps après tout ça. Enfin.. presque deux ans après. J'ai fait ce qu'il fallait pour avoir l'argent pour.. J'ai pris toutes mes économies et je suis partie le plus loin que mon argent me le permettait. Santa Barbara. C'était ma nouvelle destination. Je me suis trouvé un coin pas trop pourrit pour m'y installer. Qui aurait cru que je le reverrais ici. Sorhan. Il n'a plus cette allure si sur de lui. J'ai lu que cette femme flic était sa femme. Ça explique pourquoi il n'allait jamais plus loin avec moi. Est-ce qu'il est au courant pour ce gars dans la ruelle? Oh et puis je m'enfiche, ce n'est pas mon problème. Pourtant, ça fait plusieurs nuits déjà que je rêve de tout ça à nouveau. Le regard de cette femme ne me lâche pas. Je devrais peut-être aller le voir pour m'assurer qu'il sache tout... Mais comment cela se passera-t-il? Hm..