Tu rentres d'une sortie avec tes potes. Vous vous êtes bien amusés et même si la soirée s'étendait encore sur quelques heures, tu y avais mis un terme. Pimprenelle était encore à la maison, toute seule avec votre père. Tu ne voulais pas la laisser entre des mains aussi mauvaises que celles de ton daron. Tu ne le supporterais pas s'il avait encore levé la main sur elle, pour son propre plaisir. Petit con va. Tu t'étais dis tout au long de la soirée. On avait voulu te faire boire plus de verres que tu ne t'étais fixé. T'as heureusement décliné et puis tu t'es enfui du bar miteux, sous prétexte qu'un entretient d'embauche t'attendait demain, de bonne heure. Ils avaient mordu à l'hameçon. Tu ranges donc ton manteau et vas pour enquérir Pimprenelle de ta venue, mais voilà que tu entends des lamentations. Une voix aigüe en proie à la panique. Tu te rues vers le salon et... tu découvres ta petite soeur avec un couteau dans la main. Ton père gît à ses côtés. Il y a du sang. Beaucoup de sang. Oh mon dieu... Pimp'... Tu sens des frissons parcourir ton corps. T'as envie de dégueuler, mais tu ne peux pas te le permettre. Pimprenelle te regarde, les yeux mouillés de larmes. Elle tremble. Elle a encore plus peur que toi. Tu n'essayes même pas de comprendre. Tes jambes te portent jusqu'à elle. Pimp', écoute-moi Pimp'. C'est ok. Tout est ok. Tu vas lâcher le couteau et je vais m'occuper de tout. Pimp' regarde-moi. T'essayes de l'amadouer avec des mots, de la rassurer même si ton coeur bat à tout vent. Finalement, tu n'as pas d'autre choix que de la toucher. Tu entoures son visage de tes mains et lui ordonnes de lâcher le couteau. Je veux pas aller en prison, je veux pas. Tu la prends dans tes bras et la serre très fort. Tu ne lui en veux pas, t'es même inquiet pour elle. Parce que tu sais que la police ne sera pas de son côté. Ton père la frappait pas plus de quelques heures, il n'avait que ses mains comme arme. Une arme redoutable à nos yeux, mais pas aux yeux de la justice. Pimp' était l'agresseur dans ce cas. Tu fronces des sourcils et resserre ton étreinte. Une colère t'envahit. Même mort, votre daron continue de vous pourrir la vie. Tu ne vas pas y'aller, je te rassure ma puce. Juste fermes les yeux. Endors-toi, chuuuut. Tu la berces jusqu'à ce que tu entendes sa respiration ralentir. Alors, tu la relèves avec la force de tes bras et la portes jusqu'au divan. Une fois fait, tu retournes dans la cuisine. Il y a du sang partout. Qu'est-ce que tu vs bien pouvoir faire ? Prendre le cadavre et le jetter à la mer ? Tu ne pourras pas passer inaperçu, le quartier est beaucoup trop dynamique. Non, il n'y a plus qu'une seule solution. Être honnête. Pas entièrement. Il faut juste que tu admettes le crime commis. Tu as conscience que ta vie en sera à jamais chamboulée. Tu perdras des années précieuses de ta jeunesse. Mais si c'est pour voir ta soeur dans un centre prisonnier, ta conscience ne vaut pas grand chose. Tu ramasses alors le couteau à pleine main. Tu caches les empreintes de Pimprenelle. Vite fait, bien fait. Et puis tu te prépares à entrer en scène pour le plus grand numéros de ta vie. Le téléphone en main, tu tapes sur les touches. Tuuut, tuuuut, tuuuut. Bonjour, service d'urgence, je vous écoute ? Tu réponds avec une voix tremblante. Oui, bonjour, mon père s'est fait poignardé... je... je l'ai poignardé. Appelez vite une ambulance s'il vous plait. Tu sais qu'il est mort ce putain de daron, mais mieux y aller implicitement, ça allègera déjà ton dossier juridique.

(...)

Il me regarde comme s'il allait me bouffer cru. J'ignore pourquoi, mais j'en ai la chair de poule. Mon bas-ventre commence à bouillonner malgré la chaleur qui règne dans les douches. En prison, tu n'as pas le droit à l'intimité. Aussi, dès les premiers jours, on te met à nu devant tout le monde sans demander ton avis. C'est comme ça. Tu penses que c'est une forme d'humiliation. Et puis, ça devient une habitude. Tu t'y fais. Aujourd'hui, ça ne me dérange plus d'être nu comme un vers entouré des autres détenus. La plupart sont des rustres, des vieux, des gars dont il manque deux dents, etc. Il y en a bien qui sortent du lot, mais j'aime mieux ne pas les fréquenter, pour une raison que j'essaye de réfuter nuits et jours. Seulement, j'ai failli à mon devoir. Me voilà face à face devant un beau gosse, le genre musclé, la barbe de trois jours. Et je me sens attiré, comme un poisson à la proie d'une canne à pêche. Il se fait désirer. Ca se voit dans ses prunelles qui ne cessent de me fixer. C'est gênant. Ca le serait encore plus si nous n'étions pas tout seul dans les douches. Je déglutis. Salut Castiel. Putain, il connait mon nom. Je ne me sens pas très bien. J'ai l'impression d'être vulnérable, d'être coincée, d'être victime d'un chantage. Aimer les hommes, c'est être mort en prison. Salut. J'essaye d'être impartiale, histoire qu'il me foute la paix. Pourtant, il continue son petit jeu auquel il excelle. Moi c'est Ritchie au cas où tu ne le serais pas. Tu sais... je t'ai beaucoup observé Carter. Sans blague. Je suis maintenant sur la défensive. Ah ouai et pourquoi ? Faut pas négliger un mec qui connait ton prénom en prison. Ca veut dire qu'il a appris à te connaitre, et en règle général, c'est mauvais signe. Mais, moi, je n'ai fait de mal à personne avant mon arrestation. Il ne peut avoir rien sur moi, à part le fait que j'aie tiré sa sœur alors qu'il était encore sous les barreaux. Dans ce cas, j'en suis profondément désolé. Pour ma grande surprise, Ritchie rigole. T'inquiète je vais pas te bouffer imbécile. Je soupire bruyamment, rassuré. Le gars me tape l'avant-bras comme s'il était mon pote. Je lui souris. Quoique. Mais juste un p'tit bout alors. Sur le moment, je ne comprends pas, et puis je suis la direction de son regard amusé. Je deviens aussi rouge qu'une tomate. Il veut que... mon... non... Je ne peux plus parler tellement je suis gêné et, avouons-le, excité. C'est alors que je sens ses mains glisser le long de mon bras. Plus il se rapproche, plus mon coeur bat la chamade. Que faire ? Et ce n'est qu'en y réfléchissant que ses lèvres s'écrasent sur les miennes. Et s'enroulent nos langues, nos corps, jusqu'à ce que quelqu'un ne nous interrompe. J'aurais du le repousser. Je sais que j'aurais du. Peut-être le repousserai-je plus tard, mais pas maintenant. A cet instant, je n'en ai pas la force.