« Lydia ? » On dit que les yeux sont les fenêtres de l’âme. Les yeux d’Alexander, dans lesquels personne n’avait jamais réussi à percevoir ne serait-ce qu’une seule once d’intérêt, étaient rivés sur la silhouette de la jeune femme. Si ses yeux le trahissaient, son visage, lui, ne reflétait aucune émotion. Pourtant, et beaucoup plus vite qu’il ne l’aurait cru, une envie de se rapprocher davantage s’empara de lui. Une envie irrésistible de la toucher, de la prendre dans ses bras, juste pour s’assurer qu’elle était bien réelle. Dans l’esprit légèrement embrumé du jeune homme ne tardèrent pas à surgir les images des moments qu’ils avaient partagé. Allant de ces moments qui ont marqué l’étrange amitié qu’ils avaient d’abord eu, puis, à leur premier baiser et progressivement à leurs rencontres secrètes. Parfois, Alexander se sentait épié, traqué, le moindre de ces faits et gestes étant relayé dans la presse people. Quelle belle ironie. Depuis tout ce temps où il se trouve sous les projecteurs, jamais il ne s’était habitué au paparazzi. Aussi étonnant que cela puisse paraitre, l’américain avait toujours eu à cœur de garder sa vie privée, privée. Avec Lydia, il n’était pas Alexander Rothschild, acteur et fils du producteur Henry Rothschild. Avec elle, il était un homme lambda. Avec elle, il était juste Alex. « C'est la pire idée que je n’aie jamais entendu. » constata alors Lydia. Et pourtant, il n’y avait pas d’autre alternative. Poussant un soupir, il jeta un coup d’œil à droite puis à gauche avant de prendre la main de Lydia, l’emmenant dans un coin à l’abri des regards. Sur place, Alexander réduisit d’un pas la distance qui le séparait de la jeune femme et, d’un geste si familier, il replaça une mèche de cheveux derrière l’oreille de Lydia. Cette même mèche qu’il avait remise tant de fois à sa place. Un geste qui, aussi banal soit-il, semblait être une nouvelle fois un écho aux moments heureux qu’ils avaient vécu. Il mourrait d’envie de l’embrasser mais se retenu. Comme si une chaîne invisible l’empêchait de faire ce geste.  « J'ai déjà entendu bien pire. C’est notre seule chance Lydia. Si mes parents sont persuadés que ce qu’il y a entre Cara et moi n’est que pure vérité, alors ça nous sera bénéfique. On y gagne tous dans cette histoire. Cara nous couvre et nous deux, on peut envisager d’avoir le futur dont on a parlé. Je sais que tu ne veux plus te cacher mais laisse-moi m’occuper de ça. Je te demande juste de me faire confiance. » A dire vrai, Alexander était autant perdu dans cette histoire que le sont les tabloïds, alors il avait bien du mal à convaincre la jeune femme. En toute franchise, il ne savait pas si un futur était possible avec Lydia mais, il était certain d’une chose : ses sentiments pour elle sont bien réels. Pourtant, sa famille était bien un frein à leur histoire. Henry Rothschild s’était toujours vanté d’être le moteur de sa famille. Lui, tout comme sa femme d’ailleurs, n’était animé que par un égo démesuré, attiré par la soif de succès. Les parents d’Alexander ont logiquement toujours attendu de leurs enfants qu’ils soient exceptionnels et qu’ils ne salissent certainement pas le nom qu’ils portent, prônant silencieusement la reproduction des classes sociales. La mauvaise affaire. Lydia n’était en rien semblable à l’image de la belle-fille parfaite que ses parents attendaient. Une infirmière au revenu modeste. Au fond, c’était Cara qui s’en rapprochait le plus. Actrice récompensée et égérie d’une marque parfum. Il ne fait aucun doute que le père d’Alexander l’adore.