Il est un peu plus de 13 h 30 lorsque j’ouvre enfin les yeux. Malgré mes maux de tête, je remarque que je n’ai pas dormi dans mon lit et ne peux m’empêcher de laisser échapper un juron. A côté de moi, une minette est paisiblement endormie. Son nom ? Je n’en ai pas la moindre idée. A dire vrai, j’ai tellement bu hier soir que je ne sais même pas comment je suis arrivée-là. Tout ce que j’espère, c’est qu’elle est majeure. Manquerait plus que je tombe sur une petite ado et que ses parents portent plainte pour détournement de mineur. Blague à part, faudrait peut-être que je me bouge un peu. Après m’être étirée, je rassemble les quelques affaires que j’ai visiblement éparpillé un peu partout dans la pièce et enfile ma robe. A l’entrée de la chambre je retrouve mes talons, ainsi qu’une bonne dizaine de bouteilles vides dans le salon. En regagnant le hall, je manque d’écraser deux ou trois personnes qui comatent à même le sol. De toute évidence, c’est dans cette pièce que s’est déroulée une bonne partie de la soirée.

Vingt minutes plus tard, je suis chez moi. Trempée jusqu’aux os – car j’ai eu la bonne idée de sortir au moment où l’averse s’est déclarée –je  me précipite dans la salle de bain pour me débarrasser de mes vêtements et file dans ma chambre. Une fois arrivée devant ma penderie, je change de sous-vêtements et enfile un T-shirt emprunté à Noah. J’ai toujours adoré me balader en petite tenue. Je sais que ce n’est pas convenable, mon père me l’a suffisamment répété, mais c’est plus fort que moi. Désormais à l’aise, je me dirige vers la cuisine d’où s’échappe une bonne odeur de pancakes. « Noah ? Thomas ? » Personne ne répond, mais ça n’a rien d’étonnant car la musique est à fond. Le spectacle qui s’offre alors à moi est absolument formidable. A tel point que je ne peux réprimer un rire. Profitant du fait qu’il ait le dos tourné, je m’approche doucement de mon colocataire et passe mes bras autour de sa taille. Il sursaute et ça m’amuse. « Bonjour mon lapin… Dis-donc t’en as d’autres des talents cachés ? J’ignorais que tu dansais aussi bien… » Je sais que cette proximité le met mal à l’aise et c’est justement pour ça que j’en joue.

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Je suis incroyablement casse-pied, j’ai tendance à n’en faire qu’à ma tête et oui, j’aime mettre les gens mal à l’aise. Je suis grande gueule, provocante et légèrement tête-à-claques sur les bords. Ces petits défauts, qui en agacent plus d’uns, font aussi partie de mon charme –et même si Thomas s’en défend bec et ongles, je sais que ça le fait craquer lui-aussi. Pour être tout à fait franche, j’ai tout de suite su que je ne le laissais pas indifférent. Il suffit de voir les regards qu’il me lance ou tout simplement son comportement. Il fuit, en permanence. Un peu comme s’il était effrayé à l’idée de commettre le pêché suprême, un peu comme si j’étais le diable en personne. Parfois, ça m’amuse, mais il y a des jours où je ne le comprends pas. Au départ, on s’entendait plutôt bien tous les deux. On passait pas mal de temps à discuter et on a même partagé quelques bons fous rires ensemble. Puis, j’ai commencé à prendre mes marques dans l’appartement, à jouer un peu avec lui aussi, car j’ai toujours adoré m’amuser avec les beaux garçons. C’est là que tout a changé… Pour une raison qui m’échappe, Monsieur s’est mis à me reprocher mon mode de vie indécent, les conquêtes que je ramenai à l’appartement et tout un tas de choses parfaitement hors de propos. Persuadée que le problème ne venait pas de moi, mais bien de lui ; je me suis mise en tête qu’il était jaloux et c’est en partie pour ça que je redouble d’efforts pour le faire craquer. Je veux que Thomas admette que je lui plais. Pourquoi ? Question d’orgueil. Et puis, je ne serais pas contre l’idée de passer un bon moment en sa compagnie…

Lorsque je passe mes bras autour de sa taille, Thomas sursaute, manquant même de faire tomber la poêle par terre. Comme un petit garçon prit en faute, il se détache brusquement de moi et essaye tant bien que mal de retrouver son sang-froid. Une fois de plus, il essaye même de se cacher derrière Noah. « Disons que j’ai eu la joie d’assister à tes premiers pas en tant que chorégraphe… » je plaisante, en jouant avec mes cheveux. « En revanche, ça ne sert à rien de l’appeler à l’aide, car Noah ne rentrera pas avant ce soir. Il vient de m’envoyer un message, il travaille cet après-midi. On dirait bien que t’es coincé avec moi » dis-je en me mordant les lèvres et tandis que je fais un pas vers lui, je remarque qu’il me détaille de haut en bas. Tout bien considéré, ce T-shirt est peut-être un peu trop court…  

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Thomas est complètement destabilisé, à tel point qu’il commence à faire n’importe quoi. Je le regarde se diriger vers la fenêtre et l’ouvrir, bien qu’il pleuve des cordes. Quelques gouttes d’eau viennent s’abattre sur le rebord de la vitre et le beau brun est contraint de la refermer immédiatement. « Si tu as si chaud que ça, peut-être devrais-tu aller prendre une bonne douche, froide de préférence… » Mes lèvres s’étirent dans un énorme sourire et je me retiens de dire ce qui me brûle les lèvres, à savoir : que je me ferais un plaisir de l’accompagner. Toujours aussi mal à l’aise, il revient à proximité de la cuisinière et me propose des pancakes. « J’en prendrais seulement si tu acceptes de faire une pause pour les déguster avec moi… » Tout en prononçant ces mots, je retire la spatule de ses mains comme pour l’inciter à me suivre. Je laisse volontairement glisser mes doigts le long de son avant-bras, ce qui ne fait que l’embarrasser davantage. « Tu sais, je n’ai encore jamais mangé qui que ce soit… Détend-toi… » Mes mots s’éteignent dans un murmure, un murmure que je lui glisse à l’oreille. Mon corps est si proche du sien que je jurerai l’avoir senti frissonner. « J’te fais si peur que ça ? » Un petit rire vient ponctué cette dernière phrase. Je ne sais pas si je dois me sentir flattée ou bien vexée par son comportement.

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Il me propose de regarder un film avec lui et je ne dis pas non. Après tout, j’ai passé une soirée mouvementée, ça ne me fera pas de mal de me poser un peu. Si j’ai des projets pour la journée ? Pas à ma connaissance ou bien je ne m’en souviens plus. Quoi qu’il en soit, je meurs de faim et comme c’est toujours un plaisir de taquiner cet adorable Thomas, je ne vais certainement pas laisser passer ma chance. Après tout, on a tout l’après-midi devant nous… Qui sait ce qui pourrait se passer ? « D’accord pour le film, mais j’espère que tu n’auras pas le mauvais goût de me coller devant une comédie romantique ou bien un film d’horreur en espérant que je me blotisse dans tes bras ! Si c’est vraiment ce que tu veux, j’pourrais toujours faire semblant, mais il en faut plus pour m’impressionner! D’autant que si tu veux me serrer dans tes bras, suffit de me le demander… » Je souris de plus belle, mais quelque chose me dit que si je continue comme ça, il va finir par craquer. Deux hypothèses s’offrent alors à moi. Petit un : il prend la fuite. Petit deux : il me saute dessus et m’arrache mes vêtements au beau milieu de la cuisine sans se soucier du fait que quelqu’un puisse nous surprendre. Si ça ne tenait qu’à moi, j’opterais immédiatement pour la seconde option –mais faut pas rêver.

Pour cacher sa gène, il prétexte ensuite une excuse parfaitement grotesque –tellement ridicule que j’éclate de rire. « C’est tout ce que t’as trouvé pour que je te fiche la paix ? Tu sais si je ne te plais pas, suffit de le dire… » je lance en commençant à tourner autour de lui, puis je réponds à sa question. « Non, j’me suis réveillée dans le lit d’une petite nana. Plutôt mignonne d’ailleurs, mais je n’ai absolument aucun souvenir de ma nuit. Pourquoi ? En quoi ça t’intéresse ? T’es jaloux ? »

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Thomas est adorable et il me rappelle beaucoup Oliver. Notre relation ressemble énormément à celle que j’entretenais avec le blondinet, si ce n’est que le brun a peut-être un peu plus de répondant. Au fond, je sais bien que je devrais le laisser tranquille, je nous rendrais service à tous les deux en faisant ça –mais il y a toujours quelque chose qui me ramène à lui. Sans réellement me l’expliquer, je me sens intriguée par mon colocataire et pour une raison qui m’échappe, j’ai une folle envie de le séduire. Mais ce serait mal, surtout vis-à-vis de Noah. Je le sais, alors pourquoi m’obstiner ?

Lorsqu’il me propose de regarder Star Wars, un énorme sourire vient étirer mes lèvres et je lâche, enthousiaste « Excellent choix ! Tu remontes dans mon estime chouchou ! Quelle version ? » Au risque d’en surprendre certains, j’ai une petite préférence pour les films les plus anciens. Non pas que les nouveaux soient mauvais, mais je les trouve beaucoup moins authentiques. Tandis que je songe à la dite saga, Thomas commence à répondre à mes questions et s’assure de me faire savoir qu’il m’aime bien. Je ne réponds pas, mais fulmine intérieurement. Pourquoi s’adresse t-il à moi comme si j’étais une gamine ? Pourquoi refuse t-il d’admettre que je lui plais ? Il n’y a aucun mal à ça… Enfin, c’est sûr que ça pourrait engendrer quelques complications, mais ça fait un bail que c’est fini entre Noah et moi. D’ailleurs, on n’a jamais rien vécu de très sérieux –excepté notre amitié.

Toujours aussi mal à l’aise, monsieur poursuit en affirmant que ma vie privée ne le regarde pas et que je suis donc libre de faire ce que je veux. « C’est pas la peine de t’excuser, je n’ai jamais été pudique et surtout : je n’ai rien à cacher ! En revanche, tu remarqueras que j’ai fait des efforts ! Comme quoi, je ne suis pas aussi mal élevée » dis-je en faisant allusion aux reproches qu’il lui est arrivé de me faire concernant mes conquêtes. « D’ailleurs, en parlant de ça, j’trouve ça bizarre que t’es jamais ramené qui que ce soit à l’appart… Ôte-moi d’un doute, t’es quand même pas une espèce de mormon qui se réserve pour la bonne ? » conclus-je en mimant des guillemets imaginaires.

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Si j’aime emmerder mon monde, je n’ai aucune envie de me fâcher avec mes colocataires –raisons pour laquelle j’ai fini par me calmer question conquêtes. En plus de gêner Thomas, ces inconnus m’ont valu quelques conversations houleuses avec Noah et les choses sont déjà suffisamment compliquées entre nous sans qu’on ne vienne verser de l’huile sur le feu. Je souris lorsqu’il me propose de regarder les anciennes versions. « T’es au courant que chronologiquement parlant, c’est un peu le merdier ? Et que, par conséquent, les versions les plus anciennes constituent en réalité les derniers épisodes de la saga ? » Rien que pour ça, ces films m’Ont toujours fasciné. Thomas ne réagit pas à ma remarque, en tout cas pas l'immédiat, bien trop perturbé par mes questions concernant sa vie privée. Il déclare ensuite qu’il sait se montrer discret quand il le faut –et bizarrement, sa réponse ne fait qu’attiser ma curiosité. Quelque part, je crois que je suis un peu jalouse de ces mystérieuses jeunes femmes, qu’il ramène ou non, à la maison. Je voudrais savoir à quoi elles ressemblent et ainsi voir quel est son genre de femmes. Me saisissant de l’assiette de pancakes, j’attrape aussi la bouteille de sirop d’érable et me dirige machinalement dans le salon. Pendant que Thomas lance le dvd, je m’installe dans le canapé.

Pendant une bonne demi-heure, un silence de mort règne dans la pièce –trop captivés que nous sommes par le film. Puis, un frisson me parcourt tout le corps. J’ai un peu froid et sans vraiment m’en rendre compte, je me rapproche de Thomas, me collant presque à lui. « Désolée… » dis-je en me redressant légèrement. « Les vieilles habitudes ont la dent dure… J’ai parfois tendance à oublier que je ne suis plus… Bref… Si ça te met mal à l’aise, c’est pas grave, je vais aller chercher une couverture » dis-je en me levant brusquement. Evidemment, je pourrais forcer les choses, mais on passe un bon moment, j’ai pas envie de tout gâcher.

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J’ai parfois tendance à oublier que je ne suis plus en couple –et dans des moments comme celui-ci, j’ai cruellement besoin d’affection. Avec Noah, ça ne pose pas de problèmes, car on a toujours été très proches, mais les choses sont différentes avec Thomas. Le jeune homme est assez dur à suivre, dans le sens où il change constamment de comportement. Tantôt sympathique et rieur, il peut devenir soudainement très distant – ce qui me donne la sensation désagréable de marcher sur des œufs quand je suis avec lui. Comme on passait un bon moment, j’ai voulu dissiper toute gène en me détachant de lui, mais bizarrement, il n’en a pas envie. Quand sa main se resserre sur mon poignet, je ne peux m’empêcher de froncer les sourcils, surprise par son geste. Tout en me disant que ça ne le dérange pas, il exerce une légère pression sur mon poignet, m’incitant à retrouver ma position initiale. Légèrement troublée par sa réaction, je prends garde de ne rien en laisser paraître et m’assois dans le canapé. Ma tête appuyée sur son épaule, je me serre à nouveau contre lui. Un sentiment étrange me parcourt alors tout le corps –et je me pince les lèvres pour résister au désir de l’embrasser. « On est bien comme ça… Tous les deux… » dis-je l’air de rien, même si cette remarque est bourrée de sous-entendus. Je suis trop fière pour l’admettre, mais j’apprécie réellement ces moments passés avec lui ainsi que ce genre de petit rapprochement. J’ai beau jouer les garces intouchables, mon histoire avec Oliver m’a totalement transformée. En conséquences, il m’arrive parfois de me dire que ça vaudrait peut-être le coup de me lancer dans une véritable relation et de retenter l’aventure, quitte même à en souffrir par la suite. Quoi qu’il en soit, j’essaye tant bien que mal de me replonger dans le film…

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J’aime passer du temps avec lui. J’aime être blottie dans ses bras –et par-dessus tout j’aime son parfum. Un sourire vient étirer mes lèvres tandis que je réalise que ça faisait un moment que je ne m’étais pas sentie aussi bien. Il faut dire ce qui est, je ne suis pas du genre à me prêter à des après-midi comme celui-ci, mais pour le coup ; je dois bien avouer que je ne regrette pas ce petit moment cocooning… Thomas passe son bras autour de mon épaule et resserre notre étreinte. Je le laisse faire. Je ne le repousse pas non plus lorsqu’il attrape ma main pour y déposer quelques caresses. Son geste est adorable et surtout très tendre. L’espace d’une seconde, j’ai presque l’impression d’être retombée en enfance tant cet instant a l’air pur et innocent. « Fais attention, je pourrais y prendre goût… » dis-je, en souriant bêtement. Nos doigts finissent par s’entrelacer et je me surprends à caresser son pouce. Vu de l’extérieur, on a probablement l’air d’un couple et bizarrement, ce n’est pas pour me déplaire. Je voudrais ajouter quelque chose de drôle ou de ridicule pour dédramatiser les choses, mais les mots restent coincés. Quelque part, je crois que j’ai envie que cet instant perdure et car mes maladresses pourraient tout gâcher, je préfère rester silencieuse. Je balance tout de même légèrement ma tête en arrière pour accrocher son regard. Je lui souris et me pince les lèvres. Voilà que j’ai à nouveau envie de l’embrasser, c’est malin… Pourquoi je ne fais rien ? Je ne veux pas le brusquer… Quoi que… Oh et puis mince… Sans lui laisser le temps de le voir venir, je lâche brusquement sa main pour aller poser les miennes sur son visage. Une fois chose faite, je l’attire vers moi et lui vole un baiser.

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Contre toute attente, Thomas décide de faire durer cet instant. Le timide baiser que j’ai tenté de lui dérober se transforme bientôt en un échange passionné et j’ai bien du mal à contrôler mes pulsions. Comme je ne suis pas très à l’aise dans ma position, je me redresse légèrement pour lui faire face. Momentanément séparées, nos lèvres se réunissent à nouveau et nos langues commencent à danser. Ses doigts filent le long de ma nuque tandis que je lui mordille doucement les lèvres. Un sourire m’échappe et je me recule brusquement, mettant un terme à tout cela avant qu’il ne soit trop tard. « J’adore ce film, mais je dois bien avouer que tout ceci est bien plus intéressant… C’est même et de loin, ma partie préférée… » Comme toujours, j’essaye de faire comme si de rien n’était pour cacher le fait que je sois troublée, mais je doute que Thomas se laisse duper. Et comment pourrait-il ? C’est parfaitement impossible. Pas après ce baiser, pas après la fougue que j’y ai mi. « J’avais raison finalement, j’te plais… » Le jeune homme soupire et lève les yeux au ciel. « T’en fais pas va, je ne le dirai à personne, c’est promis… » dis-je avant de passer ma main sur sa joue.

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Notre baiser se termine et je m’essaye alors à une petite plaisanterie, car c’est plus fort que moi, j’ai beaucoup de mal à garder mon sérieux –tout particulièrement quand je suis mal à l’aise. Si j’ai apprécié ce moment, je n’en demeure pas moins gênée. Gênée d’avoir autant apprécié ce baiser, gênée d’y avoir mis tant de passion. Thomas est un garçon formidable, quelqu’un que j’apprécie, même si je passe mon temps à le faire enrager –mais jamais je n’aurais pu imaginer ressentir des choses aussi fortes en sa compagnie. L’espace de quelques instants, je me suis complètement abandonnée dans ses bras et c’est ça qui me gène le plus ; le fait de m’être montrée vulnérable en somme. La Flore que tout le monde connaît ne se serait pas laissée impressionner pour si peu, elle n’aurait eu aucun scrupule à déshabiller son colocataire et à l’emmener dans sa chambre –bien au contraire... Malheureusement pour moi, je ne suis plus cette fille avec Thomas.

Quand il avoue avoir lui-aussi apprécié cet instant, je me surprends même à sourire, un peu comme si j’étais soulagée de me l’entendre dire –bien que ça soit complètement stupide. Puis, pris de scrupules, il gâche tout en commençant à parler de notre meilleur ami. « Noah ? Mais qu’est-ce qu'il vient faire là-dedans ? » Il se mord les lèvres et j'imagine alors ce qu'il a en tête... « Tu ne crois quand même pas qu’il y a quelque chose entre nous ? »

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Quand il avoue que je lui plais et ce depuis un certain temps, je ne suis qu’à moitié surprise. Quelque part, j’ai toujours su que je ne le laissais pas indifférent, mais j’aurais aussi préféré ne pas entendre la suite. Pourquoi mêler Noah à tout ça ? Pourquoi tout compliquer ? On passait pourtant un si bon moment… Tout aussi déçue qu’agacée par la tournure des événements, je me redresse brusquement et pousse un long soupir. Tout en rapprochant mes genoux de ma poitrine, j’hausse les épaules. « Notre relation ? Mais quelle relation ? C’est tout juste s’il me parle ! » Pour toute réponse, Thomas se pince les lèvres histoire de me faire comprendre qu’il n’est pas d’accord. « C’est vrai que cela a toujours été très fort entre lui et moi et ça ne changera probablement jamais, peu importe les disputes qu’on a pu avoir, mais… notre relation n’a jamais dépassé le stade de l’amitié… » Nouveau mensonge. Thomas le sait, j’en ai conscience –raison pour laquelle j’essaye de me rattraper. « Enfin si, mais c’était il y a très longtemps… On était que des gosses à l’époque… Noah pensait être amoureux de moi, mais il a sûrement mal interprété les choses… » En toute vérité, je n’ai jamais pu mettre de mot sur notre relation. Tout ce que je sais, c’est que je tiens énormément à lui. Mais est-ce une raison valable pour refouler mes désirs ou pour passer un côté de quelque chose de potentiellement formidable sous prétexte que Thomas est son meilleur ami ? J’en doute… Bien sûr, il n’est pas question d’épouser le jeune Alexander, ni même de me stabiliser avec lui –mais j’ai vraiment apprécié ce moment et ça m’embêterait qu’on ne puisse pas le revivre à cause de Noah.

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Il poursuit sur sa lancée en insistant sur le fait qu’en dépit de mes explications, il reste mal à l’aise. Je soupire et lui lance alors un regard totalement perdu. « Et qu’est-ce que tu proposes ? Qu’on fasse comme si rien ne s’était passé ?! Écoutes Thomas, j’ai vraiment adoré ce moment passé avec toi, j’te jure, mais si tu penses que ça pourrait nuire à votre amitié, mieux vaut ne plus y penser… Ça m’embêterait de créer des tensions entre vous ! Maintenant, si je peux t’assurer d’une chose, c’est que depuis qu’on s’est retrouvés, Noah n’a jamais laissé sous-entendre qu’il avait encore des sentiments pour moi. Tu sais, je crois qu’il m’en veut encore d’avoir coupé les ponts… » Je laisse ma phrase en suspend, car mine de rien, je me sens encore un peu fautive de l’avoir fait souffrir. Qu’on se le dise, je ne suis pas du genre à me laisser bouffer par les remords, mais Noah a toujours été mon meilleur ami et ça me tue de savoir que j’ai pu le faire souffrir… Ce qui me laisse perplexe, en revanche, ce sont les propos de Thomas. Je suis même si surprise par son discours que je reste de longues minutes à l’observer sans savoir quoi lui répondre. « Mais, qu’est-ce que tu attends de tout ça au juste ? Qu’est-ce que tu attends de moi? Y’a deux minutes à peine, tu disais que rien n’était possible, car c’était injuste envers Noah et maintenant tu me dis que tu refuses de n'être qu'une passade ?! Excuse-moi, mais j’ai du mal à te suivre… »

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